Daniel Pauly a révélé le désastre de la surpêche, qui vide les mers de leurs poissons. L’océanographe, malmené par la vie, l’affirme : la science a fait son travail d’alerte, c’est aux politiques d’agir.
Comment mettre la pression sur les Etats ou les entreprises ?
En mettant en jeu leur réputation, par exemple. Jennifer Jacquet, une de mes anciennes étudiantes devenue professeure à l’Université de New York, m’a permis de clarifier ma position par son travail sur l’usage de la culpabilité et de la honte comme stratégies d’action. On peut en appeler à notre culpabilité, comme le font le MSC et autres écolabels : on se sent coupable de manger quelque chose qu’on ne devrait pas, donc on évite de le faire. Mais on peut aussi dénoncer les restaurants qui proposent des ailerons de requins, ou les enseignes de grande distribution qui commercialisent des espèces vivant en eaux profondes, comme l’a fait l’ONG Bloom. Quelle est la méthode la plus efficace ? L’atteinte à la réputation. La culpabilité est trop dépolitisée. Aujourd’hui, la surpêche, la pollution plastique des océans et le réchauffement climatique sont totalement confirmés par la science. Mais quand des intérêts commerciaux sont en jeu, ils imposent leur loi. Regardez le tabac, ç’a été une lutte infernale, jusqu’à ce que, finalement, des lois soient votées pour interdire de fumer dans les bistrots… Nous en sommes là aujourd’hui : la science a fait son travail, maintenant le problème est politique.
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