Notre puissance technique nous rend très vulnérables

Cela m’amuse toujours, vu les réactions que ça peut provoquer chez les « laicards-intégristes »  qu’un prêtre, économiste de surcroît sache présenter   les choses de manière claire, et intelligible. Cf mon avis sur laïcité
Certes dans un journal-bobo-catho (appellation convenue de ceux qui détestent Télérama). Mais il faut bien éduquer les bourgeois nantis et confortablement installés, si ça peut modifier leur perception du monde et des autres personnes qu’ils fréquentent peu, c’est pas si mal comme projet
Au sujet de l’épisode de l’incendie de Notre Dame et de « ses dons », il a donc été interrogé dans Télérama (ICI) et ses remarques sont judicieuses, voire délicieusement provocantes :

« Nous n’assumons pas les conséquences de nos prouesses techniques »
« Mais le fait est que dans une des grandes nations industrielles de la planète, on ne peut arrêter à temps un incendie au coeur de la capitale. »
« Notre puissance technique, qui nous rend capables de bouleverser le climat, n’implique pas qu’on sache en maîtriser les conséquences. Elle nous rend au contraire très vulnérables. »
Mais c’est ce paragraphe, volontairement provocateur (dans l’inversion des rôles supposés) qui est très amusant:
« Mais ne décourageons pas la générosité : que les plus fortunés donnent ces 600 millions à l’Eglise, et qu’ils paient aussi l’ISF. L’Eglise pourra faire beaucoup pour les migrants, les trois millions d’enfants sous le seuil de pauvreté en France, qui sont pour elle des pierres vivantes. Et grâce à l’impôt, l’Etat aura largement de quoi financer la reconstruction de la cathédrale. Déjà chez l’évangéliste Luc, à son dernier repas, Jésus dit aux siens que les puissants font sentir leur autorité en se faisant passer pour des bienfaiteurs (Lc XXII, 25).
Si les “grands” donateurs veulent regagner la sympathie des Français, ils ne doivent pas défiscaliser mais faire un véritable don sans quoi ce sont encore les contribuables qui financeront une partie de leur “générosité”. »
« La fonction politique est discréditée parce qu’on a idolâtré les marchés financiers : au xie siècle, le pape Grégoire VII s’était posé non comme celui qui allait se substituer au souverain, mais qui dirait ce qui est légitime en matière de gouvernement. Le pape régnerait sans gouverner : c’est la position que l’on attribue aujourd’hui aux marchés financiers, qui dictent aux Etats souverains ce qu’ils ont à faire. Or ces marchés sont inefficients et irrationnels, incapables de donner un sens à notre destin. »